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Lorraine 12

Le dialogue est rompu et les évènements prennent un tour violent.

Le lendemain, Lorraine se réveille lasse et de très méchante humeur. Les reproches de Stéphanie l'ont heurtée plus qu'elle ne saurait le dire. Elle y a réfléchi une bonne partie de la nuit, se retournant encore et encore dans ses draps sans parvenir à trouver le sommeil. La jeune fille décide de partir pour le lycée sans attendre Emma à qui elle en veut de ne pas pris sa défense durant la scène qui l'a opposée à la meneuse devant toute l'équipe. Toute la journée, elle se montre distraite, impatiente et morose. Les mots blessants et le ton autoritaire de Stéphanie ne cessent de lui revenir, et elle pense à tout ce qu'elle aurait pu répondre sans l'avoir osé sur le moment. Mais, ce soir-là, si effectivement a lieu la grande discussion à cœur ouvert proposée par Sabrina, elle dira tout ce qu'elle pense à cette peste. Elle ne supporte pas l'idée de s'être faite humilier ainsi par une meneuse qui joue moins bien qu'elle et qui se donne des airs de dictatrice avec tout le monde alors qu'elle a le charisme d'une palourde.


Toute la journée, Lorraine évite Emma qui tente d'évoquer la querelle de la veille et d'expliquer à son amie et coéquipière son comportement retenu face au sermon de Stéphanie. L'adolescente, blessée, ne lui répond que par monosyllabes et l'évite furtivement au moment de la pause du déjeuner qu'elles partagent d'ordinaire toutes les deux. Plus le temps passe, plus elle fulmine. Elle se promet de ne pas se laisser faire ni par les meneuses, ni par le coach car elle se sent dans son bon droit. Le soir venu, c'est donc avec assurance que Lorraine gagne le gymnase dans lequel les joueuses de son équipe sont en train de se retrouver.


A peine arrivée, elle entend la voix de Stéphanie prononcer son nom. Elle s'approche de la meneuse et lui demande avec vivacité de quel droit elle parle d'elle aux autres dans son dos avant une réunion d'équipe. Le silence se fait atour des deux adolescentes qui se font face et se regardent avec l'intensité de la hargne et du courroux. L'atmosphère devient électrique et semble crépiter entre les deux jeunes filles. Stéphanie lui répond avec véhémence qu'elle n'a rien dit à ses amies qu'elle ne répètera une fois que tout le monde sera présent et qu'elle n'a rien à cacher : si Lorraine le souhaite, elle peut lui répéter immédiatement ce qu'elle venait d'exprimer à Manu et Lucie, à savoir que presque toutes les filles de l'équipe pensaient qu'une joueuse qui était "aussi perso" sur le terrain comme dans sa vie quotidienne, n'était pas faite pour intégrer une équipe comme la leur parvenue en poule. Elle termine en disant qu'un caractère comme le sien peut faire perdre toute sa cohésion aux bonnes équipes et elle ne veut pas de ça pour la sienne. Lorraine est furieuse. Elle s'avance vers Stéphanie et, le visage proche du sien, lui lance qu'elle ne connaît rien au basket car, sinon, elle aurait remarqué immédiatement les atouts qu'elle pouvait apporter à cette équipe et les aurait mis en évidence sur le terrain. D'un air supérieur, elle ajoute que si Stéphanie savait mener ses joueuses, elle s'apercevrait qu'un peu de nouveauté dans ses tactiques et des compétences comme les siennes ne pouvaient qu'aider cette équipe. Certes, elle a été menée en poule, mais à présent elle stagne, notamment à cause du manque d'audace des meneuses ; elle finit en assurant que le coach sera d'accord avec elle. Stéphanie est sidérée par ce discours plein de morgue.


Sans attendre de réponse, pensant avoir confondue son ennemie, Lorraine se retourne pour aller se mettre à l'écart du groupe. La meneuse veut alors l'attraper par l'épaule mais Lorraine se dégage, et la main de sa rivale se referme malencontreusement sur ses cheveux. Elle pense que Stéphanie tire sur sa natte sciemment : sans réfléchir, elle pivote sur elle-même et, la main levée, fait à nouveau face à la meneuse et lui assène une gifle de toute ses forces. L'adolescente lâche un cri sous l'effet du choc et de la douleur. Elle titube en arrière, rattrapée par ses amies qui l'aident à rester debout. Rouge de colère, la jeune fille se jette sur son adversaire à la main facile pour lui répondre avec une claque sonore qui atteint la joue mais également le nez de Lorraine qui se met à saigner.


Le pugilat prend fin lorsque tonitrue la voix du coach d'ordinaire si posée. "MAIS QUE SE PASSE-T-IL ICI ??? Laissez-moi passer ! Lorraine ! Stéphanie ! Vous vous BATTEZ ??? Dans mon bureau ! IMMEDIATEMENT !!!" Les deux jeunes filles, stoppées net dans leur élan bagarreur, se rendent silencieuses et penaudes dans la petite pièce servant d'office à Maxime. Elles l'entendent ordonner aux autres joueuses de se taire et de commencer à faire tours de terrain et séries de pompes. Lorsqu'il revient, il est aussi pâle qu'elles sont cramoisies. Il s'assied lourdement dans son fauteuil et les regarde avec froideur. "Stéphanie, j'attendais mieux de toi, je suis atterré ! Ce n'est pas la première fois que tu es en conflit avec une autre joueuse mais en venir aux mains ! Quant à toi, Lorraine, tu es nouvelle parmi nous et tu te trouves au centre d'une rixe au bout d'un semestre à peine ?! Ton ancien coach m'avait dit que tu avais du caractère mais je ne pensais pas que cela signifiait que tu pouvais te montrer violente !? Mais qu'est-ce que je vais faire de vous ?" Stéphanie tente de prendre la parole mais le jeune homme l'interrompt d'un geste sans appel. Il réfléchit sans les regarder, pianotant avec contrariété sur son bureau. Au bout d'un long moment, il plonge ses yeux dans les leurs, se relève avec lenteur, et, les mains posées à plat sur sa table jonchée de dossiers, il leur annonce qu'il a pris une décision sans appel : il les revoit toutes les deux de l'équipe. Il ne peut pas garder une meneuse qui s'emporte au point de répondre à un coup par un autre et il ne peut tolérer la présence d'une nouvelle joueuse qui s'emporte ainsi et n'hésite pas à se battre. Les deux adolescentes se regardent sans comprendre, hésitantes et ne sachant quoi répondre. Il leur dit d'aller vider leurs casiers si cela est nécessaire et quitter de son gymnase dans l'instant. En sortant du bâtiment, elles ont le temps d'entendre Maxime dire à leur ancienne équipe : "Ce soir, l'entraînement est annulé : j'ai renvoyé Stéphanie et Lorraine. Aucune violence ne saurait être tolérée dans cette équipe. C'est sans appel, je ne veux pas en discuter. Réfléchissez bien à ce qui est arrivé aujourd'hui : j'espère que vous en déduirez que dialoguer est essentiel. Sans dialogue, on ne comprend pas et, si on ne se comprend pas et que l'on ne veut pas se comprendre, on se perd dans la confrontation stérile. On se voit demain."

Choix 1

Vous voulez poursuivre l'histoire? Ou en discuter?

Choix 2

Vous voulez vivre une autre histoire?

scénario par

Florian, Yassir, Romane, Maud, Joan, Clea, Alix, Maëlie, Aedan, Axel, Célian, Mohammed, Oriane, Pauline, Naelle, Ahmet, Mehmet, Jasmine, Djena, Victor, Océane, lola, Sayan, Lilit, Joïss, Maxime

avec le soutien de

Catherine DAVID, intervenante de l'IFMAN, de l’équipe de vie scolaire Angélina RÉGINA et Sonia GARCIA, ainsi que les enseignants M. PERBAL et Mme. BIETZER de l’ensemble scolaire de Charles de Foucauld de Nancy.

mise en texte

Apolline Marie HUIN

illustrations

Jean-Michel & Iris PAJOT

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